Thomas More, patron des dirigeants

Cher ami,

Le 22 octobre est le jour de la saint Jean-Paul II, très lié à Thomas More puisqu’il l’a proclamé patron des dirigeants politiques dans un texte du 31 octobre 2000. Il m’est venu d’imaginer un dialogue entre ces saints…eux qui nous ont si lumineusement ouvert un chemin de sainteté et intercèdent pour notre fidélité.

Jean-Paul II : Cher Thomas, quelle grâce de pouvoir converser avec toi en ce moment, au-delà des siècles qui nous séparent, dans cette communion des saints qui unit nos âmes à travers le Christ!

Thomas More : Ah, saint Pape Jean-Paul, quelle joie de te rencontrer en esprit ! Je me souviens du jour où tu m’as proclamé saint patron des dirigeants et des hommes politiques. Jamais je n’aurais pensé qu’un homme de la Renaissance puisse inspirer autant un homme de ton temps!

Jean-Paul II : Thomas, si tu devais donner un seul conseil à un dirigeant d'aujourd'hui, quel serait-il ? Quel mot de sagesse partagerais-tu avec celui qui porte sur ses épaules le poids du gouvernement et la responsabilité de guider les autres ?

Thomas More : cher Jean-Paul, mon conseil à tout dirigeant serait le suivant : "Aime la vérité plus que ta propre gloire, cherche la justice plus que ta propre ambition." Je crois fermement que tout dirigeant doit être avant tout un serviteur de la vérité, même au prix de sa réputation, même au prix de sa vie. La tentation du pouvoir est grande, et la vérité est souvent difficile à dire et à défendre, mais sans elle, aucune décision ne peut vraiment être juste.

Jean-Paul II : cher Thomas, tes mots résonnent si fort dans notre temps où la vérité est souvent relativisée, et où le pouvoir est trop souvent un but en soi. J’ajouterais à tes conseils ceci : "Ne gouverne jamais sans prière, et ne prends jamais une décision sans te mettre d’abord à genoux devant Dieu." Un dirigeant qui ne se met pas en présence du Seigneur, qui ne cherche pas Sa sagesse et Sa volonté, finit par gouverner selon ses propres désirs et ses propres peurs, au lieu de servir le bien commun.

Thomas More : Tu as raison, Jean-Paul. La prière est la boussole qui oriente le cœur du dirigeant vers le bien véritable. Sans elle, l’âme est comme un navire sans gouvernail, ballotté par les vagues des opinions et des pressions extérieures. Seul celui qui reste ancré en Dieu peut traverser les tempêtes avec courage et intégrité.

Jean-Paul II : Oui, et il me semble que la prière ouvre aussi le cœur à l’humilité, cette vertu si cruciale pour ceux qui exercent le pouvoir. Un dirigeant doit toujours se souvenir qu’il est, en fin de compte, un serviteur, et non un maître. L’humilité lui permet d'écouter, de reconnaître ses propres erreurs, et de se laisser guider par les besoins réels de ceux qu’il sert, et non par son orgueil ou ses intérêts personnels.

Thomas More : Quelle vérité profonde ! L’humilité permet au dirigeant de ne pas se laisser corrompre par les flatteries ni déstabiliser par les critiques. Elle le maintient droit, fidèle à ses principes, même quand les vents politiques soufflent en sens contraire. Et avec cela, je dirais aussi qu'un bon dirigeant doit toujours garder à l'esprit que son pouvoir est temporaire, mais les conséquences de ses décisions sont éternelles.

Jean-Paul II : Oui, il est bon de se rappeler que nous ne sommes que des intendants de ce pouvoir qui nous est confié. Un jour, nous devrons tous rendre compte devant le Seigneur non pas du nombre de nos succès, mais de la fidélité avec laquelle nous avons aimé, servi, et recherché la vérité et la justice. Que chaque dirigeant ait toujours en tête cette responsabilité devant Dieu et devant l’histoire.

Thomas More : En somme, mon cher frère, que tout dirigeant se fasse une prière constante : "Seigneur, rends-moi digne de cette tâche que Tu m’as confiée, donne-moi le courage de défendre le bien, même au prix de ma propre vie, et fais que je puisse toujours agir avec droiture, même dans les ténèbres." S’il garde cette prière au fond de son cœur, aucun pouvoir de ce monde ne pourra l’éloigner de la lumière divine.

Jean-Paul II: Que ce conseil soit comme une lumière sur le chemin de tout dirigeant. Que ceux qui gouvernent ne se laissent jamais séduire par la vanité du pouvoir, mais qu’ils soient des instruments de paix, de justice et d’amour, à l’image du Christ, qui est le véritable Roi de nos cœurs.

François-Daniel