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Jésus au coeur de nos impôts

18 octobre 2023 Billet Thomas More
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La réalité du monde terrestre est bien le champ que chaque disciple du Christ est appelé à cultiver, à évangéliser. Car, vivre la réalité est bien le chemin sur lequel le Christ veut nous inviter, loin des grandes idées. Car comme le dit François, la réalité est plus importante que l’idée.

 

« En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt 22, 15-21) 

Voilà un Evangile saisissant qui nous rejoint au cœur d’une question aussi incarnée qu’intemporelle : le paiement de l’impôt et derrière les justifications à le faire. Car dans ce monde juif de l’époque comme dans le nôtre « rien n’est certain à part la mort et les impôts ». Jésus aurait pu rejeter la question du pharisien comme il l’avait fait pour l’homme qui lui avait demandé un arbitrage à l’occasion d’une succession « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » (Luc, 12, 14). Il aurait pu aussi disserter à l’infini sur l’équité des impôts, leur juste affectation…Mais, non. Jésus prend le temps de répondre de manière assez laconique avec une pédagogie bien à lui. Et sa réponse en apparence triviale revêt une portée considérable pour notre vie de laïc baptisé. 

Car derrière la question provocatrice du pharisien, on sent bien que le sujet tourne autour de la manière pour un croyant de considérer le monde temporel qui l’entoure. Un pharisien contemporain aurait pu dire « Maître, je vais à la messe tous les jours, est-il important de m’engager dans le monde du travail dans lequel règne les Césars d’aujourd’hui ? ». La réponse du Christ est d’une limpidité cristalline à deux titres. 

D’abord de « rendre » ce que vous avons reçu. « As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? » 1 Cor 4,7. Cette injonction vaut pour les réalités temporelles comme pour les réalités spirituelles.  

Ensuite, de cultiver notre engagement autant dans le domaine temporel et que spirituel. La réalité du monde terrestre est bien le champ que chaque disciple du Christ est appelé à cultiver, à évangéliser. Car, vivre la réalité est bien le chemin sur lequel le Christ veut nous inviter, loin des grandes idées. Car comme le dit François, la réalité est plus importante que l’idée. Le Christ utilise une pièce à l’effigie de César pour nous enseigner. Et il ne condamne pas César. Il ne condamne pas la réalité du monde. Au contraire, il nous invite ici à vivre pleinement cette réalité. Sans considération et vrai accueil de la réalité, il n’y a pas de spiritualité qui tienne. Comme nous y invite François : « Cela suppose d’éviter diverses manières d’occulter la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les nominalismes déclaratifs, les projets plus formels que réels, les fondamentalismes antihistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse. » Alors oui, le Christ s’intéresse aux impôts excessifs, à la comptabilité aride en partie double, à ce patient qui se plaint, à cet élève qui refuse d’apprendre, à ce supérieur peu aimable. Il nous demande d’aimer cette réalité du monde aussi incarnée dans les choses que dans les hommes ; et de la transformer en une parcelle de son royaume. 

Rien de tel que d’apprendre pour cela à nous détacher avec humour de nos intérêts dans les choses du monde à l’exemple de Thomas More : 

 « Ils (les Utopiens) s’étonnent aussi qu’un riche, à l’intelligence de plomb, stupide comme la bûche, également sot et immoral, tienne sous sa dépendance une foule d’hommes sages et vertueux, parce que la fortune lui a abandonné quelques piles d’écus. Il est une autre folie que les Utopiens détestent encore plus, et qu’ils conçoivent à peine ; c’est la folie de ceux qui rendent des honneurs presque divins à un homme parce qu’il est riche, sans être néanmoins ni ses débiteurs ni ses obligés. Les insensés savent bien pourtant quelle est la sordide avarice de ces Crésus égoïstes ; ils savent bien qu’ils n’auront jamais un sou de tous leurs trésors. » 

Saint Thomas More, apprends-nous à louer Dieu pour nous avoir placés dans ce monde d’aujourd’hui et à nous donner la claire vision de ce que nous avons à y faire et la force de l’accomplir 

 

Xavier de Bengy et Matthieu Jourdan 

 

 

 




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