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Grandeur et péril de la parole
Billet du 22 septembre 2023 : grandeur et péril de la parole
« Bien-aimé, voilà ce que tu dois enseigner et recommander. Si quelqu’un donne un enseignement différent, et n’en vient pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement qui est en accord avec la piété, un tel homme est aveuglé par l’orgueil, il ne sait rien, c’est un malade de la discussion et des querelles de mots. De tout cela, il ne sort que jalousie, rivalité, blasphèmes, soupçons malveillants, disputes interminables de gens à l’intelligence corrompue, qui sont coupés de la vérité et ne voient dans la religion qu’une source de profit. (1 Tm 6, 2c-12) »
Si le Verbe s’est fait chair et que la Bible s’appelle la Parole de Dieu, signifiant Sa présence, il n’y a pas de doute sur l’importance de cette grâce qui nous est aussi donnée de rentrer en relation par la parole. Elle rejoint ainsi notre capacité à œuvrer pour la charité. Et avant de rentrer dans la prudence à accorder à cette faculté de parler, il faut donc insister sur l’injonction qui nous est d’abord faite : nous devons enseigner et recommander, nous devons donc exprimer ce que l’Esprit Saint nous enseigne. Rester silencieux peut nous entrainer dans un univers inapproprié que Thomas More résume ainsi : « Certains sont peu loquaces, restant dans leurs rêveries, et il est vrai que tous les discours ne sont pas toujours bien et sagement formulés. Cependant, et quitte à encourir les reproches du monde, il vaudrait mieux parfois conseiller aux silencieux qui aiment paraître sages en se taisant, de débiter des balivernes plus ou moins bêtement plutôt que, si leur esprit n’est pas sainement occupé, de laisser leur imagination s’emplir secrètement de fantasmes malsains. »
L’apôtre Timothée attire ensuite notre attention sur la qualité de notre parole :
Nous pouvons devenir malades de la discussion et des querelles de mots. L’objet de nos paroles peut alors plus être la recherche d’une source de profit. Il est tentant de parler pour briller, pour épater, pour recevoir de l’affection. Mais alors nous parlons de nous-mêmes et nous ne sommes plus des passeurs de la parole reçue. Nous ne sommes plus des passeurs de joie et d’amour, nous sommes des orgueilleux avides d’être regardés et admirés pour ce que nous ne sommes pas vraiment. Souvenons nous des paroles reçues qui nous ont blessé et cultivons la retenue et la justesse de nos paroles pour éviter de blesser inutilement.
Nous sommes ensuite invités à des paroles solides et réfléchies qui nous viennent de notre conscience. Un autre proverbe nous invite à tourner sept fois la langue dans la bouche avant de parler. C’est une manière de mesurer l’intention de nos paroles, pour évaluer l’importance de leur portée. C’est une alchimie entre le poids des mots et le contexte où ils sont exprimés. La plupart de nos paroles ne sont pas bonnes ou mauvaises par elles-mêmes. Elles s’expriment dans un environnement ou nous pouvons évaluer et mesurer comment elles pourront être reçues.
Et c’est ainsi que la vérité d’une parole répond à l’intuition et au discernement que nous pouvons avoir sur la justesse de cette parole. Elle est vraie si elle peut être entendue, si elle est charitable, si elle se préoccupe de l’autre et moins de moi-même, si elle est là pour servir et pas pour posséder, si elle vient de mon authenticité en évitant mon désir d’être. Il y a une déviation d’intelligence corrompue où l’on peut oublier l’exigence de vérité dans la parole en s’habituant à la superficialité.
Nous pouvons ainsi méditer le conseil de Thomas More :
« Assurément, tout est dans la mesure. Il y a, comme le dit l’Écriture, un temps pour parler et un temps pour se taire (Qo 3,7). À chaque fois qu’une conversation n’est pas honnête, tu ferais bien de retenir ta langue et d’occuper ce temps à trouver quelque chose de mieux à dire plutôt que de prêter l’oreille aux malveillances pour alimenter la conversation. Mieux encore, plutôt que de retenir ta langue, tu pourrais, avec grâce et de façon plaisante, lancer un meilleur sujet. En parlant ainsi, tu profiteras non seulement à toi-même, ainsi que tu l’aurais fait par ton silence bien intentionné, mais tu amenderas également l’assemblée entière, ce qui est meilleur et plus méritoire. »
Saint Thomas More, aide nous avec l’Esprit Saint à discerner quand nous devons parler et quand nous devons nous taire et inspire nous des paroles vraies puisant à la source de la Parole.
Xavier de Bengy et Matthieu Jourdan
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