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Guéris par le regard du Christ
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » Entendant ces paroles, les disciples furent profondément déconcertés, et ils disaient : « Qui donc peut être sauvé ? » Jésus posa sur eux son regard et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » (Mt 19, 23-30).
Cet Evangile stimule l’esprit rationnel qui aime bien résoudre toutes les équations. Mais là, l’équation du chameau dans le trou de l’aiguille relève du casse-tête. Nous avons bien un indice qui est notoirement dérangeant : nos richesses sont le principal obstacle à la solution. Alors le plus simple est d’aller chercher le corrigé de l’exercice de math à la fin du livre « pour Dieu tout est possible ». Nous sentons bien que l’accueil de cette solution sans chercher à vraiment comprendre le problème ne nous a pas beaucoup fait avancer. Finalement qu’est-ce qui est vraiment impossible pour nous ? et possible à Dieu ?
Comme nous, les apôtres sont déconcertés et ne pensent pas eux-mêmes pouvoir être sauvés ; probablement parce qu’ils se considèrent riches d’une manière ou d’une autre ; d’un avoir, d’un pouvoir, d’un savoir. D’un petit quelque chose dont, eux comme nous, ne sommes pas prêts à nous dépouiller. Car toutes ses richesses avec l’illusion de leur permanence, nous arriment solidement à la terre en nous faisant croire à une forme d’immortalité. Et ce désir-là est irrépressible.
Finalement, la clé de l’équation – celle de la guérison- ne vient pas d’une parole du Christ mais d’un geste : comme dans un sacrement, Il posa sur eux son regard. Il faut imaginer la douceur et la délicatesse de ce regard qui nous console et nous fait exister ; comme une lumière qui nous révèle à nous-mêmes pour ce que nous sommes dans la mesure où nous nous ouvrons à elle. Le Christ pose son regard sur nous pour nous donner la possibilité de nous voir en vérité dans un chemin sans fin de guérison. L’élément central de cet Evangile devient donc une invitation à rechercher le regard du Christ, à l’accepter, à prendre un temps pour s’y exposer. Et là, tout devient possible.
Le lieu pour accueillir ce regard est d’abord la prière. C’est le lieu où Dieu se révèle non pas par de grandes conversations mais d’abord par une présence aimante où la puissance de Son regard est guérison. Thomas More nous invite à cultiver la richesse de notre prière :
Il nous convient donc, misérables que nous sommes, d'avoir d'autant plus de honte et de reconnaître d'autant plus notre monstrueuse culpabilité, nous qui allons tout juste au bout d'une brève prière dans la journée, et encore en bâillant et en somnolant. Enfin, notre Sauveur nous avertit de prier non pour regorger de richesses, non pour nager dans les délices, non pour qu'il arrive malheur à nos ennemis, non pour être honorés, nous, ici-bas, mais, pour ne pas entrer en tentation. Il a voulu, assurément, nous faire comprendre que tous les biens du siècle sont tout à fait nuisibles ou que, comparés à cet unique bienfait, ils sont pures bagatelles ; c'est pourquoi, dans sa sagesse, il plaça ce bienfait unique en dernier, comme un résumé de tous les autres, dans la prière qu'il enseigna un jour à ses disciples : Et ne nous induis pas en tentation mais délivre-nous du mal.
Saint Thomas More, dans la prière, guide-nous à rechercher le regard miséricordieux du Christ pour nous accepter tel que nous sommes pour le bien du monde et de nos frères.
Xavier de Bengy et Matthieu Jourdan
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