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Si le Seigneur le veut bien

22 mai 2024 Billet Thomas More
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« Bien-aimés, vous autres, maintenant, vous dites : « Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ou telle ville, nous y passerons l’année, nous ferons du commerce et nous gagnerons de l’argent », alors que vous ne savez même pas ce que sera votre vie demain ! Vous n’êtes qu’un peu de brume, qui paraît un instant puis disparaît. Vous devriez dire au contraire : « Si le Seigneur le veut bien, nous serons en vie et nous ferons ceci ou cela. » Et voilà que vous mettez votre fierté dans vos vantardises. Toute fierté de ce genre est mauvaise ! Être en mesure de faire le bien et ne pas le faire, c’est un péché. » (Jc 4, 13-17)

 

La première phrase de cette lettre de St Jacques pourrait servir de fil rouge à un cours de bonne gestion d’une école de management : fixez-vous un objectif (« gagner de l’argent »), calibrez les moyens (« nous ferons du commerce ») et surtout planifiez bien les étapes (« aujourd’hui ou demain, nous irons dans telle ville »). C’est en fait un peu toute notre vie que nous organisons dans cette logique de « choses à faire ». Même les moines agissent ainsi avec du travail entrecoupé de sept offices. Alors, où est le mal, le péché dans ces pensées si ordinaires ?

Si la lettre s’arrêtait là, avouons-le, nous aurions du mal à trouver la réponse. Le Seigneur nous demande-t’il d’arrêter de nous projeter dans le futur ? de renoncer à développer notre activité ? Et la petite musique intérieure se poursuivrait « gentiment » : « On voit bien que l’Eglise ne comprend rien à l’économie ! Heureusement, qu’il y a des laïcs comme nous pour faire tourner le monde ».

Respirons et écoutons la Parole avec la grâce de l’Esprit Saint. Tout est résumé en six mots « Si le Seigneur le veut bien » et même en un seul mot « Si ». Ces six mots changent tout. Quoi ? Tout simplement la manière de vivre notre agir professionnel.

D’abord, accueillir chaque matin, le cadeau d’une vie, d’une vocation et de talents reçu d’un Autre. Et nous en émerveiller. Premier dessaisissement pour nous éviter l’orgueil de croire que nous sommes notre propre origine.

Accepter ensuite de remettre dans les mains du Père, l’intention de ce que nous voulons faire et de vérifier qu’elle est alignée avec la construction du bien-commun. Deuxième dessaisissement de penser que nous visons toujours juste par nous-mêmes.

Enfin, ne pas être obsédé par les résultats de nos actions. Surtout s’ils sont très matériels. La réplique de Saint Jacques n’en parle même pas. Troisième dessaisissement d’élargir le regard sur notre fécondité ;  une fécondité humaine et spirituelle qui permet de traverser plus sereinement l’aridité du manque apparemment de fruit extérieur. Pensons à St Charles de Foucault qui n’a pas produit une seul disciple de son vivant.

Et comme si tout cela n’était suffisant, la lettre se termine par une ambition encore plus grande : être attentif à toutes les occasions de faire le bien. Elle rejoint une invitation centrale de Thomas More exposée dans « Les fins dernières » à gagner 50% de notre paradis en commençant par ce souci de faire le bien avant de gagner les 50% restant consistant à éviter le mal.

« Il y a, vous le savez bien, deux conditions nécessaires au salut, s’abstenir ou s’éloigner du mal, et faire le bien. Alors que, pour la première condition, il faut éviter les six autres péchés, à savoir l’orgueil, l’envie, la colère, la gourmandise, l’avarice et la luxure, pour  la deuxième condition, qui représente la moitié de  notre chemin vers le paradis, même la paresse à elle seule est capable de la détruire. »

Saint Thomas More, Esprit de Pentecôte, aide-nous chaque matin à pouvoir dire « Si le Seigneur le veut bien » pour éviter l’orgueil et repérer toutes les occasions de faire le bien dans notre journée.

 

 

 




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