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Prier pour se faire capacité et tout redonner

22 décembre 2023 Billet Thomas More
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En ces jours-là, lorsque Samuel fut sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; l’enfant était encore tout jeune. Anne avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin. On offrit le taureau en sacrifice, et on amena l’enfant au prêtre Élie. Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi pour prier le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur pour qu’il en dispose. Il demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie. » Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur. (1 S 1, 24-28)

Anne reçoit la bénédiction de Dieu à travers le fruit de ses entrailles. L’histoire d’Anne aurait pu être assez banale. Une femme prie pour enfanter puis est exaucée. Elle exprime sa joie et chante la louange du Seigneur. On aurait pu s’arrêter là. Dieu fait justice à ce désir légitime d’enfant. Mais Anne va plus loin et rend tout à Dieu : L’enfant, mais aussi tout ce qui va avec, le taureau, la farine et le vin. Et l’enfant devient le prophète Samuel. Tout part d’un geste de demande et d’offrande pour finir par la réception d’une grâce divine exceptionnelle, qui est elle-même de nouveau offerte. En somme, l’infini du don de  l’Eucharistie.

A travers l’histoire d’Anne et à quelques jours de Noël, le Seigneur nous invite à réfléchir à l’ambition de nos prières et à ce que nous faisons des cadeaux reçus de Lui quand nous mettons nos talents et notre énergie au service du bien, du bon et du beau.

Anne a longtemps prié sans compter les jours. Elle n’a pas prié seule. Elle était avec le prophète Elie. Et on peut imaginer qu’elle lui ait partagé son désir et lui ait aussi confié son intention de prière. Elie, en retour, l’a probablement invité à persévérer. Nous ne pouvons pas mettre la main sur l’Esprit Saint. Il faut le laisser parler en nous, lui faire une vraie place dans notre cœur. Pour cela il y a souvent un double mouvement. Celui de se mettre face à Dieu. Mais aussi d’échanger avec nos frères et sœurs en Christ. Car être un mendiant de Dieu et de nos frères et sœurs, ouvre notre cœur à plus de liberté, plus de vérité. Cette attitude de simplicité nous ouvre des horizons au-delà de nos idées premières.

Anne a demandé un fils. Elle a obtenu d’engendrer un célèbre prophète avec Samuel, probablement au-delà de ses espérances. Dieu nous réserve d’engendrer de grandes choses à l’image de notre sœur Anne. Rien n’est trop grand pour Dieu tant que cela correspond à notre vocation, à notre authenticité, à ce que nous pouvons transformer pour le Bien commun et la gloire de Dieu. Dieu veut pour nous plus grand que nous pouvons l’imaginer. Il faut ouvrir nos cœurs pour cela, se faire capacité pour accueillir librement ce qu’Il souhaite nous donner.

Anne retourne au temple auprès du prophète pour offrir à Dieu ce qu’elle a reçu de plus beau. Elle n’attend pas, aussitôt le sevrage terminé. Elle ne garde rien pour elle dans un grand témoignage de détachement. Elle se sait instrument de Dieu. Rien ne lui appartient même la légitimité d’être mère. Elle rend au monde ce pour quoi Dieu lui donne une existence. Elle nous montre que la sainteté est de mettre au service de Dieu et du prochain tout ce que Dieu nous a donné. Et même ce qu’Il veut nous donner et que nous avons oublié d’accueillir.

Anne reçoit un fils comme nous devrions recevoir l’eucharistie. Thomas More utilise l’image de Zachée pour nous inviter à mieux communier :

Recevons-le, cher lecteur chrétien, comme le fit Zachée, le bon publicain. Zachée désire ardemment voir le Christ. Comme il est de petite taille, il grimpe dans un arbre. Notre Seigneur, témoin de sa ferveur, l’appelle à lui en disant : « Zachée, descends de là, car aujourd’hui il faut que je loge chez toi » (Luc 19.5). Zachée s’empresse de descendre, et avec bonheur il reçoit Jésus dans sa maison. Il ne se contente pas de l’accueillir avec une joie éphémère, fruit d’un attachement superficiel. Ce qui permet d’affirmer qu’il le reçoit d’une âme profondément et sincèrement vertueuse, c’est la preuve qu’il en donne par des œuvres de vertu. Il se met en devoir de dédommager sur le champ toutes les personnes à qui a fait tort, et cela non pas chichement, mais au quadruple.

Saint Thomas More, invite-nous à être persévérant dans notre prière, à ouvrir notre cœur à un service audacieux du monde et de nos frères et sœurs et de ne pas retenir pour nous les grâces reçues.

 

 

 




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