Quelques mois avant sa mort, Jean-Anouilh décida de publier Thomas More, comme un post Sriptum. Dans ce texte admirable, à mi chemin entre le théâtre et le cinéma, il met en scène l'un de ces héros solitaires, cousins d'Antigone et de Becket, qui lui tenaient à coeur, parce qu'ils ont trouvé le bonheur au delà du désespoir.
Thomas More, chancelier père de famille, ami du roi Henri VIII, refuse de signer l'acte de fondation de l'Eglise anglicane, qui permet au roi de divorcer tranquille. Autant par idéal religieux que par réaction contre la servilité ambiante, trop sérieux dans ses sentiments ou trop léger pour se faire une raison, Thomas ne sait pas mettre son honneur au service de son intérêt, et envisage son sacrifice avec désinvolture puisqu'il a connu la trahison.
Avec Thomas More, Jean Anouil, en sortant, a laissé sa clé sur la porte.
(Didier Van Cauwelaert)